Élections 2022 – Enjeux des familles-éducatrices

Avez-vous lu le communiqué de presse de l’AQED concernant les élections 2022? Les dernières années ont apporté bien des changements pour l’éducation à domicile au Québec. Si un historique plus exhaustif est disponible sur le blogue de l’AQED, voici quelques-uns des plus récents enjeux :

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L’éducation à domicile, encadrée par la Loi sur l’instruction publique, est réglementée par le Règlement sur l’enseignement à la maison (REM). La version initiale de ce règlement, rédigée en 2018, exigeait des familles qu’elles visent le développement d’un ensemble de connaissances et de compétences variées dans plusieurs domaines (français, anglais, mathématiques, sciences et technologies, univers social, art et développement de la personne). Cette liberté éducative permettait aux familles d’adapter l’enseignement et l’expérience éducative offerte aux besoins, défis, forces et intérêts de leurs enfants.

Toutefois, les derniers changements effectués au règlement en 2019 et initiés par l’actuel ministre caquiste de l’éducation, Jean-François Roberge, sont venus restreindre le droit à la liberté éducative. Dorénavant, les familles-éducatrices ont l’obligation de calquer ce qui est fait dans les écoles et de faire subir les examens ministériels à leurs enfants, sans aucun égard à leurs besoins particuliers. Si certaines familles font le choix de l’éducation à domicile pour des raisons personnelles (passer plus de temps avec leurs enfants, flexibilité dans l’apprentissage et plaisir de découvrir ensemble), plus de la moitié des familles représentées par l’AQED rapportent avoir retiré leurs enfants du système scolaire pour cause de manque de services, de troubles d’apprentissages ou d’expériences négatives vécues (intimidation, échecs, phobie scolaire, etc.).

Dans un cas comme dans l’autre, l’éducation à domicile constitue le choix le plus approprié lorsque le parent démontre de l’intérêt et s’engage à prendre en charge l’éducation de ses enfants, qu’il s’agisse de les accompagner à retrouver le goût d’apprendre, à poursuivre leurs intérêts ou à développer leurs compétences. Restreindre la liberté éducative revient donc à limiter les possibilités d’expérimenter diverses approches éducatives qui permettraient de trouver celle qui serait dans le meilleur intérêt de l’enfant; celle qui favoriserait la pleine expression de son droit à l’éducation.

L’AQED soutient les familles-éducatrices dans leurs parcours d’éducation à domicile tout en adhérant au fait que des balises justes et réfléchies sont nécessaires pour prévenir certaines situations de négligence. Toutefois, les exigences actuelles ne reposent sur aucun accord entre le ministère de l’Éducation et les familles-éducatrices puisque le ministre a refusé de consulter la Table de concertation en matière d’enseignement à la maison durant l’entièreté de son mandat.

L’AQED demande donc aux partis en lice pour les élections de se prononcer sur leur intention d’imposer un programme éducatif pour l’enseignement à domicile, et de communiquer sur leur vision du type de suivi qui devrait être mis en place auprès des familles-éducatrices.

Pour aller plus loin…

Étude La gouvernance de l’apprentissage en famille : outils de régulation et approches types

Résultats, en image, d’une enquête mené par l’AQED auprès des parents-éducateurs du Québec:

Témoignages de familles-éducatrices

Enfin, mon fils a terminé ses examens de 4ème année! Ma dernière frustration après toute l’injustice et le manque de respect que nous avons vécu, il n’aura même pas eu droit à ses outils de travail (Dictionnaire Eureka, Bescherelle et son cartable d’outils que j’avais pris la peine de faire approuver préalablement). C’est tellement inéquitable ! Mon neveu du même niveau-en milieu scolaire- y a eu droit lui… Révoltant du début à la fin !

Nous sommes à plus ou moins 100 km de l’endroit où auront lieu nos examens. Avec 4 rencontres obligatoires pour les examens et 2 rencontres pour les pratiques, nous aurons un petit 1200 km à faire pour des examens (…) … 1200 km avec le prix de l’essence qui monte en flèche, pour nous c’est l’équivalent d’un voyage sur la côte nord de moins pour aller voir papa qui y travaille en saison … un sacrifice pour toute ma famille …

L’une de mes filles passera ses examens ministériels de 4e année primaire ce printemps. Elle a un trouble du langage diagnostiqué depuis le préscolaire. Depuis petite, elle évolue au même niveau que sa soeur 2 ans plus jeune sur plusieurs points. D’ailleurs, celle-ci est davantage en mesure d’expliquer certaines réponses de français du niveau de sa soeur plus âgée qui, elle, a de la difficulté à apprivoiser le concept « x ». L’obligation de la passation des examens ministériels a mis une pression qui nous a empêchés de respecter le rythme de notre enfant (point supposément important). Au lieu d’utiliser une approche qui favoriserait la compréhension de divers concepts (artistique, imagé, fractionné dans le temps), nous devons consacrer une partie importante de notre temps cette année afin de la préparer à réaliser un type précis d’exercices dans un temps donné avec un matériel plus ou moins différent de celui auquel elle est habituée.

Nous devons changer complètement notre approche d’éducation qui est habituellement au rythme de l’enfant en travaillant sur ses faiblesses tout en maximisant ses forces. Ces examens nous causent, à moi et à mon enfant, préjudice ainsi que de l’anxiété anormale dans notre milieu d’éducation. Nous devons abandonner la planification prévue au projet d’apprentissage pour se pratiquer à passer des examens. Tout ceci est absolument incohérent avec notre approche pédagogique et cela nous contraint à ne pas respecter les besoins de nos enfants.

 

Pour plus d’informations et pour contacter le conseil d’administration de l’AQED :
[email protected]

Vous êtes une famille-éducatrice et avez des questions ou besoin de soutien ? Vous trouverez de l’informations sur la page dédiée au soutien.