L’équation école maison + créativité + bien-être

eden

Lire la parution originale, publiée sur le Facebook personnel de l’auteur

Nos vies ont été bouleversées dernièrement – certaines plus que d’autres. Plusieurs de mes amis prennent plaisir à faire l’école à la maison avec leurs cocos et pour d’autres, c’est une tâche extrêmement difficile avec leurs emplois (surcharge d’ouvrage, etc.) Chacun fait son possible. Est-ce que certains d’entre vous ont décidé de poursuivre l’éducation à domicile d’ici la fin de l’année? Songez-vous même peut-être à pousser l’expérience plus loin ensuite?

D’entrée de jeu, je dois nuancer un aspect, comme le précisent plusieurs regroupements de familles faisant l’école maison, la situation actuelle n’est pas pleinement à l’image de l’éducation à domicile habituelle. Le contexte est différent, certes. D’un côté, nous avons accès à plusieurs ressources éducatives gratuites maintenant. D’un autre côté, toutes les activités en personne sont annulées (rencontres avec plusieurs familles, activités d’apprentissage dans des centres communautaires, accès à la bibliothèque, visites aux musées, les voyages, etc.) En même temps, la similitude, pour mon fils, mon amoureux et moi qui avions intégré les apprentissages en famille avant la pandémie, c’est d’être ensemble souvent. Passer du temps de qualité en famille s’inscrit dans nos valeurs. Nous avons décidé de changer notre réalité, notre relation au temps et plus pour faire le saut vers une nouvelle vie, il y a plus de deux automnes de cela.

Une école sur mesure et le bonheur d’être soi

La notion de flexibilité nous faisait pencher vers l’école-maison. Cette décision non conventionnelle met, depuis, des étoiles dans nos yeux, malgré les hauts et les bas. Elle s’avérait idéale pour notre fils et notre famille. Mon garçon, un être créatif, sensible, philosophe à ses heures et extrêmement curieux, profite grandement de cet espace personnalisé pour s’épanouir dans ses apprentissages et évoluer… aussi en tant qu’humain. En règle générale, le terme qui définirait le mieux « école-maison » pour nous serait « école sur mesure ». Pour moi, c’est un peu comme un programme à l’université où tu dois respecter les exigences tout en ayant la possibilité de bâtir un horaire sur mesure, adapté à tes intérêts et à tes besoins. Le plaisir d’apprendre est gravé au coeur de notre philosophie. Les familles du réseau d’éducation à domicile que je côtoie ont des horaires variés, socialisent et choisissent des activités nourrissantes pour le coeur et l’esprit. Nous utilisons notre créativité pour rendre l’expérience enrichissante et agréable. Ma famille et moi sommes devenues en quelque sorte des « travailleurs autonomes » de l’école. Nous respectons les normes tout en utilisant notre pouvoir créateur pour construire une vie qui nous ressemble et nous enchante.

On dit qu’il faut un village pour élever un enfant. C’est ce qu’on vit généralement et c’est merveilleux. J’aime bien cette citation : « Quand j’étais petit, ma mère m’a dit que le bonheur était la clé de la vie. À l’école, quand on m’a demandé d’écrire ce que je voulais être plus tard, j’ai répondu heureux. Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, je leur ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie. » – John Lennon

Et si nous prenions le temps de nous écouter, de mieux nous connaître, tout un chacun? Qu’est-ce qui nous rend bien? Qu’est-ce qui nous met dans la joie? Quelles sont nos valeurs profondes? Quels sont nos dons et nos talents uniques? Qu’est-ce qui rend nos enfants heureux? De quelle façon apprennent-ils mieux? Comment pouvons-nous être nous-mêmes tout en restant branchés collectivement pour mieux avancer vers un idéal commun?

Défis et éventail de possibilités

Cette période de confinement a apporté son lot de défis pour notre famille aussi et a occasionné des ajustements. Notre routine a été chamboulée… Jumeler travail et famille est devenu un casse-tête. Habituellement, en début d’année, nous préparons un projet d’apprentissage (qui doit être approuvé par la Direction de l’enseignement à la maison). Pour nous, c’est comme planifier un voyage. Nous avons un itinéraire de base. Ensuite, nous le bonifions et nous l’adaptons en cours de route. À titre d’exemple, avant la pandémie, mon fils allait à l’école de la forêt avec d’autres enfants une journée par semaine, nous faisions souvent la tournée des musées, fiston jouait avec ses amis régulièrement. En semaine et durant le week-end, il faisait, par exemple, des ateliers d’art plastique avec sa mamie et son papi, des activités physiques avec sa grand-mère sportive, du karaté au centre communautaire, des expériences scientifiques avec un autre passionné curieux, etc. Il y a plusieurs façons d’apprendre. De notre côté, nous avons opté pour une approche « éclectique », un mélange d’apprentissages plus conventionnels (exemple : utilisation de cahiers d’exercices pour les mathématiques et le français, jeux éducatifs sur Allo prof, etc.) et d’autres plus libres, des jeux de société, l’instruction par le biais d’aventures dans la nature, aux musées, lors de voyages, dans la vie courante, etc. On se rend compte que toute activité peut devenir une occasion d’apprentissage. Certains de mes amis adoptent une approche « unschooling » (apprentissages naturels) et d’autres préfèrent se coller à une méthode plus conventionnelle. De nos jours, grâce à l’ouverture sur le monde, l’évolution des technologies, de la science et de la créativité, faire l’école-maison permet d’accéder à un éventail de possibilités, à une myriade d’outils et de façons d’apprendre extraordinaires. Pourquoi ne pas en profiter? L’important est de trouver les méthodes qui conviennent le mieux à chacun.

Opter pour l’éducation à domicile a été salutaire pour nous. À travers cette expérience, nous avons pris le temps de ralentir pour faire des choix à notre image. Ce fut l’occasion de trouver des méthodes adaptées à notre réalité. Adultes ou enfants, nous avons tous des dons naturels, des forces et des défis à relever. Apprendre à mieux se connaître, c’est l’opportunité de trouver, de tracer et de prendre sa place, pour notre bien et celui des autres. Quand nous sommes heureux, nous apprenons mieux, nous travaillons mieux et notre bonheur peut même devenir contagieux. Bien sûr, rien n’est parfait. Mais somme toute, nous sommes plus épanouis malgré tout, car nous avançons sur « notre chemin » (« Chacun sa route, chacun son chemin… ») Selon moi, nous ne devrions pas nous dénaturer par crainte de déplaire. Pour certains enfants, l’école régulière est la meilleure solution, pour certains, l’école-maison peut être une option extraordinaire. Pour certains parents, c’est possible, pour d’autres non, pour diverses raisons. Malgré différentes contraintes, nous avons décidé d’avancer, guidés par la voix du coeur et non par la peur. Le choix de l’un n’est pas celui de l’autre. C’est merveilleux quand nous prenons le temps de nous écouter.

Depuis le confinement, je vois des gens autour de moi utiliser leur créativité pour s’élever au-dessus des problèmes et j’en suis impressionnée. Cela ne veut pas dire d’ignorer les irritants. Il est effectivement important de prendre conscience du négatif pour trouver des solutions éclairées et avancer en mettant l’accent sur le positif. J’aime m’inspirer de gens résilients. Chaque situation peut être une occasion d’apprendre et peut devenir un tremplin pour évoluer, même si ce n’est pas toujours confortable. Quand nous avons commencé à faire l’école à la maison, pour réaliser certains de mes mandats professionnels à titre de créatrice de contenu tout en donnant l’espace à mon fils pour ses apprentissages, je me levais la nuit parfois pour travailler. Ce n’est certainement pas l’idéal. Je savais, par contre, que c’était temporaire. Je devais trouver des solutions pour mon bien-être et celui de ma famille. Nous avons alors usé de créativité et avons osé demander de l’aide. À notre grande joie, des alliés se sont ajoutés à notre équipe d’école-maison, ce qui m’a permis alors de me libérer du temps pour mon travail et de créer un horaire riche et varié pour mon fils. Nous avons mis en place avec eux des activités répondant aux intérêts de mon garçon, tout en respectant les besoins de chacun des membres de notre famille et les exigences requises par la loi et le règlement sur l’enseignement à la maison.

Une vie rêvée

Mon amoureux, fiston et moi avons eu le bonheur de vivre un petit rêve cet hiver : s’évader loin du froid pendant un mois en Thaïlande. Avoir la flexibilité de voyager tout en faisant les apprentissages en famille figurait sur la liste des raisons motivant notre choix de l’école-maison. La liberté, la réalisation de soi et le temps de qualité en famille font partie de mes valeurs profondes. Bien sûr, actuellement, ce que nous vivons n’est pas à l’image de la liberté à laquelle nous avons accès habituellement. Je demeure tout de même positive : je me dis que notre liberté de pensée demeure. Je préfère mettre l’accent sur ce qui est en mon pouvoir plutôt que de tourner en boucle dans mon esprit toutes les situations avec lesquelles je me sens impuissante. En revenant de notre périple, j’ai dû annuler, entre autres, tous mes contrats comme coach en créativité et coach vocale, ceux-ci étant habituellement réalisés en personne. Nous nous sommes mis volontairement en quarantaine par précaution. Après quelques semaines d’arrêt de travail (les apprentissages en famille quant à eux se sont poursuivis), j’ai décidé de réaliser un autre petit rêve. Avec plusieurs modifications, j’ai réussi à faire basculer ma pratique de coaching sur le Web. J’éprouve de la gratitude pour la merveilleuse complicité que je partage avec mes étudiants. Je me sens privilégiée. L’enseignement est l’une de mes grandes passions. Vivre les apprentissages en famille est un cadeau et le coaching aussi. Chaque fois qu’une nouvelle étape d’apprentissage est atteinte, pour moi, c’est comme un feu d’artifice qui explose, c’est magnifique!

Famille marchant avec un éléphant

© Annie Comtois

La famille d’Annie Comtois en Thaïlande, réalisant un rêve grâce à l’éducation à domicile

Malgré les défis du confinement actuel, nous gardons le moral et trouvons de nouvelles solutions de jour en jour. J’en suis reconnaissante. Par exemple, mes beaux-parents donnent désormais des ateliers d’art plastique via Messenger à mon garçon, ma mère tient un rendez-vous quotidien avec mon fils sur Internet durant lequel ils créent des histoires ensemble, pratiques diverses activités stimulantes, fiston fait maintenant des rencontres en ergothérapie toutes les semaines sur l’application Zoom, etc.

L’aventure des apprentissages en famille nous a beaucoup appris à de multiples niveaux. Avec les bouleversements planétaires actuels, nous avançons tous devant l’inconnu… J’ajuste mes lunettes de fille optimiste au fur et à mesure. J’essaie chaque jour d’aiguiser mon esprit et de garder le coeur ouvert. Un jour à la fois, un pas à la fois. Je me retrousse les manches et je me demande : Que pouvons-nous apprendre de la situation? Comment pouvons-nous utiliser cette réalité pour continuer à nous réinventer et évoluer vers un avenir meilleur?

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne sauraient refléter la position de l’AQED.

Traduit par Nathalie Chapados